CREUZÉ-LATOUCHE Jacques Antoine
Châtellerault, 18 septembre 1749 - Paris, 23 octobre 1800
Jacques Antoine Creuzé-Latouche, était issu d'une famille de magistrats poitevins. Après des études juridiques il devint avocat et se fixa à Paris avant d'acquérir une charge d'Élu à l'élection de sa ville natale, en 1770. En 1784 il devint lieutenant criminel à la sénéchaussée de Châtellerault puis siégea à l'Assemblée provinciale du Poitou en 1787. Ses positions avancées en faveur des revendications du Tiers Etat le firent élire député aux États généraux de 1789. Il se fit spécialiste des questions financières et économiques : membre du comité des Monnaies il fut un défenseur intransigeant de l'assignat, dont le destin lui paraissait étroitement lié à celui de la Révolution elle-même ; surtout ce fut lui qui fit voter la réquisition des objets du culte en métaux précieux pour en faire des monnaies et des lingots (5 mars 1791). Membre du Club des Jacobins dès 1790 il s'en éloigna un court moment lors de la scission des Feuillants, mais rejoignit le Club de la rue Saint-Honoré dès la fin juillet 1791. Il se fit également le virulent adversaire des prêtres réfractaires. Après la session de l'Assemblée constituante, Creuzé-Latouche occupa les fonctions de juge à la Haute Cour d'Orléans, tout en continuant de jouer un rôle actif dans la société jacobine de Châtellerault.
Élu député à la Convention par le département de la Vienne il siégea aux côtés des Girondins ; il fut souvent qualifié de député de la Plaine alors que ses prises de positions en matière de liberté du commerce et sa collaboration à plusieurs périodiques proches de Roland et Brissot font de lui un Girondin à part entière ; comme la plupart de ceux-ci il participa aux activités du Cercle social de 1791 à 1793. Dans le procès du roi, il vota contre l'appel au peuple, pour la détention jusqu'à la paix suivie du bannissement et enfin pour le sursis.
Creuzé-Latouche fut avant tout un spécialiste des questions commerciales et se fit l'avocat du libre commerce des subsistances en 1792 et surtout au printemps 1793. Son relatif effacement politique à cette date le laissa à l'écart des arrestations consécutives à la chute de la Gironde. Il ne reprit une activité politique qu'après le 9 Thermidor. Il se rangea alors parmi les partisans du nouveau régime censitaire qu'il contribua à mettre en place en tant que membre de la Commission de Onze chargée de réviser la Constitution. Il siégea au Comité de salut public en Germinal an III. Réélu au Conseil des Anciens où il joua un rôle important dans la lutte contre les prêtres, il fut adversaire sans réserve du courant royaliste renaissant et soutint le coup d'État du 18 Fructidor ; élu au Conseil des Cinq-Cents en prairial an VI il en fut président. Rallié au coup d'État de Bonaparte il fut porté au Sénat en nivôse an VIII. Il était également membre de l'Institut.

Notice biographique de M. DORIGNY
Dictionnaire historique de la Révolution française [sous la dir. d'] Albert Soboul ; publ. sous la dir... de Jean-René Suratteau,... et François Gendron,... Paris : Presses universitaires de France, 1989.