Les Challant
dans les archives de Turin
présentation
de la base de données
Voyez
les sources
Problématique de
la base de données.
A travers des textes entreposés aux archives
de Turin et la concernant directement ou non, nous pouvons suivre
la famille des Challant sur une période de sept siècles
(environ du XIème au XVIIIème
siècle). Deux tables ont été envisagées
pour étudier cette famille d'un point de vue d'abord statistique,
puis sociologique. La première s'attache plus particulièrement
aux textes en eux-mêmes, leur nature, leur langue, leur contenu.
C'est pourquoi il est fait abstraction de la particularité
des individus. Avec la première table, on obtient ainsi une
vision de la famille dans sa généralité. Elle
nous permet de savoir dans quels types d'acte la famille est la
plus présente, et quel rôle y jouent ses membres. Mais
plus loin encore nous pouvons retrouver les possessions des Challant,
et suivre l'évolution de leur patrimoine au fil de leurs
achats, de leurs ventes, mais également de leurs acquisitions
par alliance matrimoniale, par inféodations ou par concessions.
La seconde table s'attache plus particulièrement
aux acteurs des actes quel que soit leur rôle. Ainsi une fiche
a été réalisée à chaque fois
qu'un individu apparaissait. Son intérêt est de nous
montrer, d'une part, le dynamisme des activités écrites
de chacun des Challant. D'autre part, elle peut nous renseigner
sur les rapports entre les Challant et les autres acteurs de la
vie quotidienne du Val d'Aoste. Ainsi, cette « noblesse seconde »
de la région apparaît-elle au sein du jeu de clientèle
en amont et en aval d'elle-même. Il est aussi possible de
suivre son évolution dans la hiérarchie de la noblesse,
et de percevoir sa politique successorale.
Pour résumer, ce travail correspond à
la question sous-jacente : « de quelle manière cette
famille, au cours du temps et des crises successives, met-elle en
place une politique dynastique en vue de poursuivre une ascension
sociale commencée dès son origine. »
Structure de la base de
données.
Le tableau qui suit est la structure commentée
de la première table de la base de données. Celle-ci
s'attache aux textes et non aux personnages. Tous les champs ne
sont pas commentés, car la majorité d'entre eux concernent
des types de textes et ne méritent donc pas de commentaires.
n° du champ |
nom du champ |
Type de données |
commentaires |
01 |
Numéro |
Numéro
automatique |
Numérote
les textes un à un du premier au dernier |
02 |
Niveau |
Mémo |
Indique
la localisation de source dans les archives du val d'Aoste |
03 |
Langue :
italien |
Logique
avec comme valeur par défaut : non |
Indique
la langue dans laquelle le texte est écrit. En l'occurrence,
si la réponse est "non", le texte est donc en Français. |
04 |
Délégation |
Idem |
Contient
aussi les actes de députation, qui ne sont qu'une forme
de délégation |
05 |
Ecriture
en droit |
Idem |
Catégorie
regroupant les textes de droit inclassables dans les autres
champs. |
06 |
Lettre
patente |
Idem |
Contient
aussi les résumés de lettres patentes |
07 |
Reconnaissance |
Idem |
|
08 |
Procès |
Idem |
Contient
aussi les informations et les recours en justice |
09 |
Consultation |
Idem |
|
10 |
Lettre |
Idem |
Contient
aussi les ordres dont le support est une lettre |
11 |
Convention |
Idem |
|
12 |
Procuration |
Idem |
|
13 |
Inféodation |
Idem |
Acte
de soumission à un parti |
14 |
Supplique |
Idem |
|
15 |
Acte de rémission |
Idem |
|
16 |
Ratification |
Idem |
|
17 |
Traité |
Idem |
|
18 |
Assignation |
Idem |
|
19 |
Transaction |
Idem |
Contient
aussi tous les actes concernant des transferts de biens : bail,
donation, échange, cession. |
20 |
Cahier |
Idem |
|
21 |
Remontrance |
Idem |
|
22 |
Approbation |
Idem |
|
23 |
Sentence |
Idem |
|
24 |
Investiture |
Idem |
Acte
formaliste accompagnant la tradition de mise en possession d'un
fief notamment. |
25 |
Requête |
Idem |
|
26 |
Emancipation |
Idem |
|
27 |
Promesse |
Idem |
|
28 |
Allégation |
Idem |
|
29 |
Comptes |
Idem |
|
30 |
Attestation |
Idem |
|
31 |
Parère |
Idem |
Certificat
établissant l'existence d'un usage déterminé. |
32 |
Avis |
Idem |
|
33 |
Permission |
Idem |
|
34 |
Protestation |
Idem |
|
35 |
Quittance |
Idem |
|
36 |
Déposition |
Idem |
|
37 |
Trêve |
Idem |
|
38 |
Ajournement |
Idem |
|
39 |
Acte de réduction |
Idem |
|
40 |
Soumission |
Idem |
|
41 |
Testament |
Idem |
Acte
révocable par lequel un individu en possession de ses
facultés juridiques déclare ses dernières
volontés et dispose de ses biens pour la période
qui succédera sa mort. |
42 |
Contrat de mariage |
Idem |
|
43 |
Recueil |
Idem |
|
44 |
Déclaration |
Idem |
|
45 |
Hypothèque |
Idem |
|
46 |
Historiographie familiale |
Idem |
Contient
les mémoires et généalogies |
47 |
Franchise |
Idem |
|
48 |
Année |
|
La
quasi-totalité des textes comprend au minimum l'année
d'écriture de celui-ci. |
49 |
Mois |
|
Permet
une datation plus précise pour les textes n'étant
pas dater au jour près. |
50 |
Date |
|
Il
n'est rempli que pour les textes étant datés par
le jour, le moi, et l'année. |
51 |
Fonction du ou des Challant |
|
Ce
champ nous renseigne sur la fonction du Challant présent
dans le texte. |
52 |
Dossier |
Logique
avec comme valeur par défaut : non |
Ce
champ nous dit si oui ou non le texte fait partie d'un dossier. |
53 |
Résumé |
mémo |
Contient
un résumé du texte en question dans la langue
originel du texte. |
Le tableau suivant rend compte de la structure de
la deuxième table de la base de données. Celle-ci,
contrairement à la première, s'attache aux personnages.
n° du champ |
nom du champ |
Type de données |
commentaires |
01 |
Numéro |
Numéro
automatique |
Numérote
les intervenants un à un du premier au dernier |
02 |
Fiche
de référence |
Numérique |
Indique
le numéro de la fiche du texte où apparaît
le personnage dans la première base de données. |
03 |
Nom |
Texte |
|
04 |
Prénom |
Idem |
|
05 |
Titre |
Idem |
Catégorie
regroupant les textes de droit inclassables dans les autres
champs. |
06 |
Date
du document |
Idem |
Ce
champ permet de mettre en rapport les noms, prénoms et
titres de façon à identifier de manière
sûre les différents personnages. |
07 |
Remarque |
Idem |
Contient
des informations complémentaires sur les liens avec les
autres personnages du même texte ou des activités
complémentaires au titre. |
08 |
Fonction |
Idem |
Indique
la fonction du personnage dans le texte. |
09 |
Niveau |
Mémo |
Indique
la localisation de source dans les archives du val d'Aoste |
Les limites de la base
de données.
La première limite qu'il faut apporter à
ce travail concerne son caractère non-exhaustif. En effet
la base de données n'a été constituée
qu'avec les archives de Turin. Or, la simple lecture d'un arbre
généalogique nous informe que la famille des Challant
comporte de nombreuses branches. Et celles d'entre elles qui évoluent
au Val d'Aoste ne représentent que la partie émergée
de l'iceberg. Donc une partie considérable des documents
concernant la famille nous échappe dans le cadre fixé
ici. De plus les archives de Turin n'ont sûrement pas l'exclusivité
des documents concernant la famille des Challant, même concernant
la branche du Val d'Aoste. Elles n'en ont d'ailleurs pas la prétention.
Une autre limite provient de ce que la base de données
a été réalisée à partir des résumés
des textes fournis par les archives du Val d'Aoste. N'ayant pas
été fabriquée directement à partir des
sources, des erreurs ou des imprécisions ont pu se glisser
en son sein.
Ensuite, la multitude des types de textes ne permettra
sans doute pas de tirer de la base les grands domaines d'action
de la famille. Cependant, l'utilisateur se trouvant devant la réalité
de cette multitude pourra selon ses propres critères composer
une typologie répondant à sa problématique.
Enfin, cette base de données ne nous permet
pas de situer directement chacun des personnages de la famille de
Challant. En effet, les prénoms étant à l'époque
peu variés et également très souvent présents
plusieurs fois simultanément dans la famille, il est difficile
sans s'aider d'un arbre généalogique de se repérer.
Intégrer un champ au sein de la base pour se repérer
aurait été possible. Mais il a paru que cela aurait
été s'éloigner trop de la source et c'est pourquoi
il n'en a rien été fait.
Pour conclure, la base de données se compose
de deux tables conçues avec le souci d'être le plus
précis possible et de conserver le maximum d'informations
de la source. Elles sont naturellement à utiliser ensemble
pour pouvoir suivre et comprendre la logique de cette famille. Malgré
sa non-exhaustivité, et sa précision peut-être
trop exacerbée dans la conservation du maximum de type de
textes, elle s'attache à dresser un tableau le plus fidèle
possible de la famille des Challant.
Les habitants du château
d'Issogne.
Présentation générale
de la famille de Challant.
La position géographique de la Savoie lui
confère un double avantage. En effet, située entre
l'Italie et l'Europe du nord, elle est, d'une part, un axe de circulation
très emprunté pour le commerce. D'autre part, la valeur
stratégique de sa position n'échappe pas aux acteurs
politiques du temps. C'est pourquoi d'ailleurs, elle en fera un
des fers de lance de son développement. A partir du XIème
siècle, la maison de Savoie met la main sur des territoires
qui englobent les comtés de Belley, de Sion et du val d'Aoste.
(Humbert Ier aux Blanches Mains vers 1056). Rapidement, grâce
aux appuis de l'empereur Conrad II, l'autorité de la famille
de Savoie s'étendit sur la Maurienne, la Tarentaise, le Chablais
et le Piémont. La politique opportuniste menée par
la Savoie vis-à-vis de ses grands voisins (France, Allemagne,
Italie) lui permit d'acquérir des territoires dans le Piémont,
ainsi que le pays de Vaud et le Valais. La maison se scinda alors
en deux branches, dont la cadette obtint le Piémont (1245-1418).
Les comtes de Savoie se tournèrent vers l'Italie, après
avoir fixé de nouvelles frontières entre leur pays
et le Dauphiné, devenu français (1355). Cependant
au sein de cet ensemble qui peut paraître homogène,
le duché d'Aoste semble se détacher. En effet à
partir du XIIème siècle, les habitants
du Val d'Aoste obtiennent une charte de privilèges qui ne
cessera de se renforcer avec le temps. Il s'agit essentiellement
de privilèges fiscaux, et de justice. Par la suite, Amédée VI
et Amédée VII annexèrent le Valromey, Verceil,
et achetèrent les comtés de Nice et du Genevois. Amédée VIII,
qui régna de 1391 à 1440, fut fait duc en 1416 et
devint pape sous le nom de Félix V (1440-1449). Le siècle
suivant fut une période de tutelle française. Celle-ci
occupa la Savoie elle-même, pour s'assurer le passage vers
l'Italie. Cela donna une occasion aux habitants du Val d'Aoste,
profitant de la déstabilisation des Etats de Savoie, d'accentuer
leur autonomie. L'émancipation passa par la mise en place
du conseil des commis, organe exécutif propre et reconnu
par le duc de Savoie. Mais il y eut également essor d'une
diplomatie et d'un organe militaire particulier : les milices valdotaines(1548).
Après la victoire de Saint-Quentin (1557) aux côtés
des Espagnols, et les traités du Cateau-Cambrésis
(1559), de Lausanne (1564) et d'Evian (1569), le duc Emmanuel-Philibert
recouvra la Savoie et instaura un régime d'absolutisme favorable
à la Contre-Réforme. C'est dans ce contexte que se
place la famille de Challant. D'après Julien Alerini
(1)
elle se fond bien dans la définition que donne Jean-Marie
Constant de la "noblesse seconde". "Il s'agit d'un groupe de personnes
importantes capables de servir d'intermédiaire entre la monarchie
ainsi que la très haute aristocratie et les gentilshommes
locaux" (2).
A ce titre la famille de Challant est au premier rang car elle occupe
les plus hautes fonctions pour le duc de Savoie. En effet, ancienne
et très illustre famille du duché, on a l'habitude
de faire remonter ses origines aux marquis de Montferrat et à
une des plus grandes familles de la maison royale de Savoie. Dès
les premiers siècles de son établissement, cette famille
a possédé la vicomté d'Aoste et les châteaux
et seigneuries de Challant, Saint Martin de Greines, de Châtillon,
de Cly, d'Ussel, de Saint Marcel de Fénis puis de Montjovet,
de Verrex , d'Issogne…
Grâce aux fonds d'archives de Turin qui nous
sont accessibles par Internet, il a été possible d'isoler
les textes qui concernent directement ou non la famille des Challant.
Ainsi une base de données a pu être constituée
à partir de laquelle cette famille a pu être suivie
sur une période de sept siècles (du XIème
au XVIIIème siècle). A partir d'un traitement
statistique, plusieurs tableaux ont été dressés,
faisant apparaître un grand nombre d'informations sur cette
famille.
Par l'observation du tableau
1, nous pouvons constater que les types de textes les plus représentés
dans le corpus recueilli aux archives de Turin sont : les investitures,
les transactions, les inféodations, et les reconnaissances.
Au vu de tels résultats, il semble que les Challant soient
une famille de la noblesse d'épée. Les affaires concernant
la terre et les réseaux d'alliances chevaleresques nous montrent
cette caractéristique principale de la famille. La sur représentation
de ces actes, deux à trois fois supérieurs aux autres
types de document, est significative de cette classe sociale. Viennent
ensuite les correspondances, les testaments et les écritures
en droit. Une fois encore à travers ces catégories
c'est la noblesse de la famille qui est mise en avant. Naturellement
le nombre de procès et d'écritures en droit nous montre
que nous sommes dans des catégories favorisées de
la population. Toutefois, il ne faut pas voir le testament comme
un attribut de la noblesse car dès le moyen âge toutes
les classes sociales y ont accès. Fait qui peut être
soulevé pour son originalité, le nombre de contrats
de mariage. En effet, ils sont sous représenté, trois
pour l'ensemble du corpus. Cela est pour le moins surprenant dans
un milieu où, nous le savons, le mariage est un formidable
moyen d'ascensions sociales. Mais, il ne faut pas perdre de vue
que seuls les textes regroupés au sein des archives de Turin
ont été étudiés, dans notre base de
données.
Sur le tableau
2 nous pouvons constater que la période la plus productive
en documents a été celle qui s'étend entre
1310 et 1499. Deux pics apparaissent dans les décennies 1330-1339,
et 1430-1439. Ils correspondent tout deux à des documents
contenant des transactions (5), des investitures (13), des inféodations
(4), des reconnaissances (8)… tableau
2b Dans 4 cas les Challant sont donneurs des reconnaissances,
c'est à dire d'une soumission à un parti. Pour les
investitures, actes formaliste accompagnant la tradition de mise
en possession d'un fief, dans 12 cas ils sont receveurs. Nous pouvons
donc mettre en évidence d'après ces textes le réseau
de clientèle dont ils font parti. En effet, il apparaît
très clairement que les Challant se placent sous la protection
de la famille de Savoie qu'ils soient de la branche princière
ou ducale. D'autre part, lorsque l'on regarde les investitures qu'ils
donnent et les inféodations qu'ils reçoivent, c'est
leur propre clientèle qui apparaît. Elle est constituée
de petits nobliaux et de bourgeois enrichis. A ce titre nous pouvons
confirmer sa qualification de noblesse seconde. Mais dans le cadre
qui nous intéresse plus particulièrement ici, à
savoir le château d'Issogne, nous allons nous attacher plus
particulièrement aux textes concernant les Challant qui ont
été propriétaires du château. Dans la
période qui s'étend de la fondation du château
à la mort du dernier comte de Challant que nous avons pu
suivre (François Maurice en 1796), les investitures et les
inféodations se font rares. Cela ne doit pas surprendre car
à l'avènement de la période moderne la famille
est bien implantée dans le Val d'Aoste, sa clientèle
est bien en place et les pratiques changent. Les correspondances,
les mémoires, les parères prennent de plus en plus
d'importances. Il s'agit désormais pour la famille d'asseoir
sa légitimité par la mise en valeur de sa généalogie
et par la reconnaissance d'usage par ses patrons de clientèle
mais aussi par elle sur son propre réseau.
Les textes en Italien ne représentent que
15% de l'ensemble du corpus (voyez ci-dessous tableau 3).
Ce phénomène est du au fait que la famille de Savoie
est vraisemblablement issue des confins de la Champagne et de la
Bourgogne. Il s'agit donc à l'origine d'une famille originaire
du royaume de France qui a probablement imposé la langue
d'oïl dans les institutions qu'elle-même a mise en place.
La maison de Savoie régna à partir du XIème siècle
sur la Savoie et le Piémont, mais seulement à partir
de 1861 sur l'Italie (et jusqu'en 1946). Il n'est donc pas surprenant
de trouver ce déséquilibre dans les sources. De plus
l'histoire de la Savoie reste très liée à celle
de la France à l'époque moderne. Les conflits sont
nombreux, une guerre ouverte se déclenche même en 1600
et trouve fin avec le mariage de Christine de France et du duc Victor-Amédée
de Savoie.

Généalogie simplifiée
des Challant.

Les notices ont pu être rattachées
aux personnages de plusieurs façons. La couleur utilisée
pour la typographie du numéro de la fiche traduit les moyens
qui ont permis d'attribuer à chacune d'elles une personne.
Ainsi le noir indique que nous avons dans la notice à la
fois le nom, le prénom, et la date qui confirme l'apparition
d'un individu. Les fiches qui apparaissent en vert sont celles pour
lesquelles la date et le titre de comte nous ont permis d'identifier
le personnage. Enfin les fiches indiquées en rouge sont celles
qui ne nous présentent qu'une date et un titre second qui
peut être attribué à la personne en question.
*Aymon
Ier de Challant : (mort
en 1147), il est le plus ancien seigneur connu de la famille,
grâce à un acte juridique du comte Ame où il
est cité comme témoin. On pense qu'il est un des fils
d'un marquis de Montferrat (Ramier ou Guillaume IV).
*
Philibert de Challant Aymavilles : (mort
en 1517), fils de Louis 3ème comte de Challant,
il hérite par droit d'aînesse de la comté de
Challant, et de la seigneurie de Châtillon et de ses dépendances
en 1490. A la mort sans enfant de son frère Jaques de Challant,
il reçut les seigneuries d'Ussel, d'Aymavilles et de Saint
Marcel. Ayant perdu son père très jeune, il fut élevé
sous la tutelle de sa mère et de Georges de Challant Varey.
Son mariage en 1502 avec Louise d'Arberc, la fille d'une des plus
grandes maisons suisses, lui permit d'accroître ses possessions
terriennes. Grâce à l'attention que lui porta son souverain,
il fut d'abord bailli, puis lieutenant général du
duché d'Aoste, et enfin chevalier de l'ordre de l'annonciade
de Savoie. Au sein du corpus constitué aux archives de Turin,
nous possédons à son sujet deux textes (voyez
tableau 4). Le premier est
une investiture accordée par la duchesse Blanche de Savoie
en personne. Ce texte nous permet de replacer Philibert dans la
clientèle proche de la maison de Savoie, et confirme la place
de noblesse seconde de la famille au sein du duché. Le second
est le contrat de mariage passé en 1502 concernant son union
avec Louise d'Arberc. Son contenu, que nous ne possédons
pas pour les raisons qui ont été expliquées
plus haut (voyez première partie sur les limites de
la base de données), aurait pu nous renseigner sur les intentions
premières de cette alliance matrimoniale.
* George de Challant Varey
: (mort en 1509), 3ème
fils d'Amédé seigneur de Varey, il embrasse la carrière
ecclésiastique. Il fut successivement et peut être
simultanément protonotaire apostolique, prieur commandataire
de Saint Ours, administrateur de la prévôté
de Saint Gilles de Verrex, Chanoine et comte de l'église
métropolitaine de Saint Jean de Lyon… C'est grâce à
sa position de tuteur du comte Philibert de Challant Aymavilles
qu'il eut la possibilité de faire construire conjointement
avec la mère de celui-ci le château d'Issogne. Il trouva
les fonds nécessaires à cette entreprise pour une
partie dans la fortune du comte et pour l'autre dans ses caisses
personnelles (compte de construction du château d'Issogne).
* René de Challant
Aymavilles : (mort en 1565),
Fils unique de Philibert de Challant Aymavilles, il est le cinquième
comte de Challant. Il est investi des seigneuries de Greines, Verrex,
Issogne, Châtillon, Ussel, et Saint Marcel. Il porte également
le titre de baron d'Aymavilles et de seigneur de la grange de Guadarpas
dans le duché de Montferrat. Son héritage maternel
lui apporte la principauté de Vallangrin, la baronnie d'Arberc,
et de Boffremont en Lorraine. Il fut aussi choyé par son
souverain, Charles le bon puis Emmanuel Philibert. D'abord gouverneur
puis lieutenant général du duché d'Aoste, grand
bailli, maréchal de Savoie, et enfin chevalier du grand ordre
de l'annonciade. Au moment de la diffusion des idées de la
réforme, il prend parti pour le culte romain qu'il soutient
fortement dans son duché. Pendant la guerre contre les Français,
il est fait prisonnier (1554) et dut s'endetter pour payer sa rançon.
A la suite de la victoire de Saint Quentin, il fut député
par son souverain pour procéder à la reprise des terres
occupées par François Ier et Henri II.
Marié à 5 reprises, ces alliances matrimoniales lui
permirent d'agrandir encore ses possessions. Il n'eut d'enfants
que de sa dernière femme, 2 filles, Philiberte et Isabelle.
Il eut aussi 2 enfants naturels. Dans son testament, il lègue
à sa fille Isabelle la comté de Challant ainsi que
toutes les terres attenantes, au détriment de sa famille
qui réclamait de lui la session du titre à un agnat
mâle. Les textes des fiches 13, 142 et 169, nous donne l'image
du lien entre René et la famille de Savoie. Le second nous
informe que celui-ci reçoit des gages de son souverain, soit
une pension de 1200 florins par an. Le troisième atteste
du rôle qui lui fut imparti lors de la fin de la guerre contre
le royaume de France. Il s'agit d'un acte de députation donnant
au comte de Challant les pleins pouvoirs pour le retour de l'unité
du duché et des Etats de Savoie.
*
Isabelle de Challant Aymavilles : (1530-1596),
Seconde fille du comte René de Challant Aymavilles, elle
lui succède après que son père ait déchu
sa sœur aînée. Elle épouse Jean Frédéric
de Madrus, comte d'Avie, marquis de Sourian dont l'évêque
de frère était gouverneur de Milan pour Charles Quint.
Elle se fait investir conjointement à son mari de la comté
de Challant, Jean Frédéric Madrus devenant ainsi le
6ème comte de Challant. La seigneurie d'Issogne
et son château passèrent alors aux main de la famille
de Madrus. Cependant, les seigneurs François, Georges, Claude
et Jean frère de Challant, petit-fils d'Humbert, engagèrent
un procès contre Isabelle prétextant que les femmes
étaient exclues de la succession à la comté.
Elle dut pour avoir la paix leur concéder une partie de ses
terres mais conserva Issogne et son château. Après
un second procès qui confirma le premier, elle décéda
à Turin le 14 février 1596, laissant trois fils dont
Emmanuel René qui lui succéda.
*
Emmanuel René de Madrus : (mort
en 1614), 7ème comte de Challant, fils
de Jean Frédéric de Madrus et d'Isabelle de Challant
Aymavilles, il épousa Philiberte de la Chambre dont il eut
deux fils Charles Emmanuel et Victor Gaudence. Le seul texte que
nous possédons à son sujet est une transaction de
1613 faite avec la famille des Taraschi.
*
Charles Emmanuel de Madrus : (mort
en 1658), 8ème comte de Challant, choisit
la carrière ecclésiastique. A ce titre, il fut évêque
et prince de trente, prévôt commandataire de l'église
et prévôté de Saint Gilles de Verrex. A sa mort
en 1658, sa nièce étant décédée
depuis une dizaine d'années, son titre passa aux mains de
sa cousine : Charlotte Christine Léonor de Madrus. Son rôle
dut être de première importance dans les affaires politiques
de son temps. Cependant la seule fiche que nous possédons
à son sujet est une généalogie familiale qu'il
a faite lui-même, ce qui dénote un penchant pour l'histoire,
et peut-être une volonté de légitimer sa descendance
dans un contexte particulier.
*
Charlotte Christine Léonor de Madrus
: (morte en 1670), fille de Gabriel
Ferdinand de Madrus et petite fille d'Isabelle de Challant Aymavilles,
elle est baronne de Boffremont. Elle épouse Charles de Lenoncourt
marquis en lorraine en 1621, et succède avec ce dernier à
son cousin, Charles Emmanuel de Madrus, à la comté
de Challant. A sa mort, elle transmet son titre à son fils
Henri de Lenoncourt.
*
Henri de Lenoncourt : (mort en 1669),
Il devint 9ème comte de Challant par une donation
de sa mère qui exclut son frère et est investi par
Charles Emmanuel de Savoie en 1663. Marié en 1661 avec Christine
d'Hauart, fille du marquis de Senante, il transmit son titre à
son seul héritier mâle : Charles Joseph Louis Mari
François Benoît Nicolas de Lenoncourt.
*
Charles Joseph Louis Mari François Benoît Nicolas de
Lenoncourt : (mort 1693), 10ème
comte de Challant, il fut tué à la tête du régiment
dont il était colonel à la bataille de la Marsallie
en octobre 1693. Mort sans avoir eu le temps de se marier, son titre
et ses terres passèrent à sa sœur Christine Maurice
de Lenoncourt.
*
Christine Maurice de Lenoncourt : (morte
en 1721), à la mort prématurée de son
frère, Charles Joseph Louis Mari François Benoît
Nicolas de Lenoncourt, elle se fit attribuer pour elle et son fils
Dominique Donat, le titre et les terres de la comté de Challant,
dont la seigneurie et le château d'Issogne. Cependant, elle
les perdit après que François Jérôme
de Challant Châtillon et Antoine Gaspard Foelix de Challant
eurent obtenu du roi Victor Amé la révision du procès
entamé près de 130 ans plus tôt contre Isabelle
de Challant Aymavilles. Ainsi par décision, en 1696, le titre
et les terres de la comté de Challant revinrent à
la famille elle-même.
*
François Jérôme de Challant Châtillon
: (mort en 1702), colonel du bataillon
d'en bas des milices du duché d'Aoste et gentilhomme de la
chambre de S.A.R, il fut seigneur d'Ussel, Baron de Châtillon…
Il reprit à son compte avec l'aide de son cousin, Antoine
Gaspard Foelix, le procès entamé 130 ans plus tôt
contre Isabelle de Challant Aymavilles. Il obtint du roi Victor
Amé de Savoie en 1696 le retour de la comté de Challant
dans sa famille (notamment la seigneurie et château d'Issogne).
Etant celui des deux cousins qui avait le plus investi dans la révision
du procès, il devint le 11ème comte de
Challant malgré les règles de primogénitures
qui jouaient en faveur d'Antoine Gaspard. Il ne jouit que peu de
son titre car il mourut en 1702.
*
Georges François de Challant Châtillon : (mort
en 1729), en qualité de premier né, il succède
à son père, François Jérôme de
Challant Châtillon, au titre de comte de Challant (12ème
comte). Par les dispositions prises par son cousin Antoine
Gaspard Foelix de Challant, il hérite de la baronnie de Fénis.
Il est également par achat comte de Montjovet conjointement
à son frère. Mais l'ampleur des dettes qu'il contracte
et de celles déjà contractées par son père
dans le cadre du procès le conduit à vendre la baronnie
de Fénis. La fiche 104 qui lui est attachée, concerne
sa demande de parère au comte Mellarede pour obtenir du roi
la permission de s'aliéner la dite baronnie. Marié
à la fille du seigneur Octave Solar comte de Gouvon, il meurt
en 1729 au château d'Issogne. Les autres fiches, qui lui sont
attribuées, concernent sa position de client particulier
du roi des Etats de Savoie. En témoigne la fiche 139 dans
laquelle la chambre des comptes des Etats de Savoie se soulève
contre une décision du roi concernant une investiture en
sa faveur du fief de Monjouet. Celui-ci aurait du être, en
effet, rattaché au domaine royal.
*
Charles François Octave de Challant Châtillon
: (1711-1770), Fils aîné
du seigneur Georges François de Challant Châtillon,
il fut officier dans les dragons du roi. A la mort de son père
il prend les titres de 13ème comte de Challant,
de comte de Montjovet et de baron de Châtillon. Il se marie
en 1739 avec Bonne Isabelle de Brassicard riche cohéritière
du comte de Brassicard. Les textes le concernant ont surtout un
caractère juridique et portent sur des affaires de privilèges
fiscaux. Ses requêtes sont adressées au roi lui-même,
ce qui nous montre sa position dans le jeu des alliances aristocratiques.
* François Maurice
Georges de Challant Châtillon : (1749-1796),
14ème comte de Challant, comte de Montjovet, baron
de Châtiions. Il semble d'après les textes retrouvés
aux archives de Turin à son sujet, qu'il ait eu des difficultés
à se faire payer les cens et services dus par la communauté
d'Ayax qui ne reconnaissait pas leur qualité féodale
(fiche 174).
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